terre est rejetée en haut, parce qu’elle est rarement retournée et qu’elle retombe dans la raie ; et de l’autre, parce que, si l’on rejette la tranche constamment en bas, on finit par dénuder de terre le haut de la pièce. Cependant ce dernier moyen est celui que préfèrent les bons cultivateurs ; et, comme la charrue à tourne-oreille, par suite de la forme de son soc et de son versoir, produit un travail vicieux, on a cherché à lui en substituer d’autres, qui seront décrites dans l’article suivant, sous le nom de charrues jumelles, charrues dos-à-dos, etc., et qui peuvent labourer mieux, tout en rejetant de même la terre de droite à gauche, ou de gauche à droite, selon le besoin.
Dans beaucoup de cas, au lieu de sillonner de bas en haut ou en travers, on trouve un grand avantage à labourer obliquement, en ayant soin de diriger la charrue à droite et non à gauche, en partant de la partie élevée du champ ; car, d’après ce second mode, comme on en peut juger d’après la fig. 188,
la terre serait jetée en haut par le trait qui va en remontant ; ce qui fatiguerait beaucoup l’attelage, sans donner un bon labour : tandis que, d’après le premier (fig. 187),
lorsque la charrue remonte, elle déverse la terre en bas. — Il y a ainsi moins de fatigue, et la bande, n’étant jamais poussée contrairement à la pente du terrain, retombe librement du versoir dans l’une comme dans l’autre direction. — Toutes les fois que les coteaux n’offrent pas sur des points rapprochés une très-grande inégalité de pentes, on peut les labourer ainsi, lors même que cela serait impraticable par tout autre moyen.
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§ iv. — Des différentes espèces de labours.
Selon les circonstances, mais le plus souvent sans autres motifs que les habitudes locales, on laboure tantôt à plat, ou en planches, tantôt en billons.
Pour labourer à plat on fait ordinairement usage de la charrue à tourne-oreille qui, en allant et en revenant, jette toujours la terre du même côté de l’horizon, et remplit ainsi successivement chaque raie, en traçant une autre à côté, comme l’indique la fig. 189. — La pièce se trouve à la fin former une surface unie, sans autres subdivisions que celles qui résultent de la disposition plus ou moins régulière des rigoles d’écoulement des eaux. Cependant on verra tout-à-l’heure qu’on peut obtenir les mêmes résultats avec des charrues à versoir fixe.
Dans un labour à plat, lorsque la superficie du champ est régulièrement divisée en parallélogrammes alongés, d’égale largeur entre eux, sensiblement planes et séparés par des rigoles, on dit que ce labour est en planches.
Pour former des billons avec une charrue à versoir fixe, on ouvre successivement des rayons parallèles dans la longueur et des deux côtés de chaque billon, les uns dans une direction, les autres dans une direction opposée ; c’est-à-dire que si on commence, par exemple, par lever une première bande A, (fig. 190),
du sud au nord, on vient en prendre une seconde B du nord au sud, puis une troisième C à côté de la première, une quatrième D à côté de la seconde, et ainsi de suite, en déversant toujours la terre de gauche à droite, de manière à laisser en définitive un sillon vide au milieu. — Cette première opération s’appelle fendre ou érayer le billon. — Pour le labour suivant, on commence au contraire au milieu, en sorte que les deux premières tranches soient appuyées l’une contre l’autre à la place précédemment occupée par la raie, et on continue de verser toutes les autres bandes de terre vers le milieu du billon jusqu’à ce qu’on arrive aux deux côtés, où il reste nécessairement deux raies ouvertes. Cela s’appelle endosser ou enrayer.
Lorsqu’on refend des billons qui avaient été précédemment endossés une seule fois, il en résulte un labour presque plat ; et si l’on continue à érayer et à enrayer alternativement à une égale profondeur, il ne se forme à la surface du terrain aucune élévation sensible : — on obtient ainsi des planches plutôt que des billons. — Lorsqu’on endosse, au contraire, plusieurs fois de suite les mêmes billons, on leur donne une forme de plus en plus bombée.
On a nommé billons simples (fig. 191), ceux qui ne présentent qu’un seul segment de cercle entre deux raies creusées au même