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chap. 6e.
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DES LABOURS.

Les figures suivantes donnent une idée des variations de formes qu’on a fait subir dans differens pays à ces sortes d’outils : la fig. 139

Fig. 143, 142, 139, 140, 141

représente une pelle entièrement en bois d’aune ou de hêtre, employée, à défaut d’autres, sur des sols peu pierreux et peu consistans ; la fig. 140, une pelle ferrée, ceintrée et à béquille, plus propre au même usage ; la fig. 141, une pelle anglaise en fer ; la fig. 142, une autre pelle anglaise également en fer, ainsi que la suivante, fig. 143, dont on fait un fréquent usage dans le Dauphiné. Lorsque le sol offre une grande résistance ou contient beaucoup de pierres, à la pioche précédemment décrite on substitue la tournée déjà figurée page 115, la tournée dauphinoise, fig. 144, dont on garnit la pointe

Fig. 146, 147, 145, 144

d’acier trempé, ou les pics. Le premier et le second de ces outils, fig. 145 et 146, sont en usage sur les bords du Rhône et du Rhin pour les défoncemens qui précèdent la plantation de la vigne, dans les terrains complètement rocailleux ; le second surtout, qui se termine du côté opposé à la pointe par une sorte de marteau, convient également pour bêcher et pour casser la pierre. — Le troisième, fig. 147, à deux taillans opposés, est employé en Belgique pour faire des tranchées dans les sous-sols d’une consistance pierreuse, homogène et d’une décomposition facile, tels que diverses marnes, des tufs, des schistes argileux, etc. Du reste, l’opération se conduit de la même manière qu’avec la pioche.

Les pics, destinés à vaincre des obstacles puissans, doivent avoir plus de force encore que les tournées ; aussi leur épaisseur est-elle plus considérable, comparativement à leurs autres dimensions. — Le fer des plus longs ne dépasse guère 1 pied (0m 325). Cependant le dernier, fig. 147, atteint parfois de 15 à 18 po. (0m 406 à 0m 487). — Pour faire les manches, on emploie le pommier sauvage, l’érable, le houx et de préférence le frêne.

Rarement un défoncement d’une certaine profondeur peut s’opérer à bras sans l’aide de quelques-uns des outils dont je viens de parler. Toutefois, dans des sols remarquablement faciles, de consistance légère, de nature sableuse ou sablo-argileuse, sans presque aucune pierre, il arrive que l’emploi de la bêche est possible. — Dans ces sortes de terrains, bien qu’on ne les travaille ordinairement que superficiellement, les pluies entraînent facilement les sucs extractifs des engrais à une profondeur telle que les racines ne peuvent plus en profiter. Il est avantageux, de loin en loin, d’atteindre les couches inférieures. Cette sorte de défoncement, pratiqué, dans divers lieux, à la profondeur d’un fer de bêche seulement, en renouvelant la terre, produit d’excellens effets, notamment sur les cultures du lin, du chanvre et des céréales, qui se succèdent à de courts intervalles sur les mêmes champs.

La dimension du fer des bêches doit être proportionnée, non seulement à la profondeur ordinaire des labours, mais aussi à la force de l’ouvrier et à la nature du terrain. — Dans plusieurs localités on lui donne d’un pied (0m 325) à 18 po. (0m 487) de long, sur 8 à 10 po.(0m217 à 0m271) de large. Dans d’autres, seulement 9 à 10 po. (0m 244 à 0m 271) sur 8 (0m 217). — La longueur des manches varie de 2 pi. à 2 pi. 6 po. (0m 650 à 0m 812). — Le plus souvent il est simple ; quelquefois il se termine par une poignée en forme de béquille. — Nous avons réuni dans les figures ci-jointes les principales bêches particulièrement propres aux défoncemens, telles qu’elles sont employées dans divers pays : fig. 148, bêche de Paris ; fig.149, bêche anglaise ;

Fig. 148, 149, 150

fig. 150, bêche Louchet de Picardie ; fig. 151, bêche italienne à oreilles, carrée ; fig. 152, 153, 2 bêches du Puy-de-Dôme ; fig. 154, bêche de Normandie ; fig. 155, bêche de Poncins ; fig. 156, bêche romaine ; fig. 157, bêche belge ; fig. 158, bêche à oreilles de Lucques ; fig. 159, bêche à hoche-pied de Toulouse ; fig. 160, bêches à chevilles du midi de la France.

Les bêches fig. 148, 149, 150 et 151, et notamment les trois premières, qui diffèrent