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liv. ier.
AGRICULTURE : OPERATIONS AGRICOLES.

pierre le terminent et se prolongent de 60 centimètres au-dessous de l’estran, afin de prévenir les affouillemens. On a construit en pierres de taille de 30 centimètres d’épaisseur, posant sur 25 centimètres de pierre, la partie supérieure du bec, et 2 mètres de tête horizontale. Un cours de madriers et une zone de 2 mètres de revêtement règnent en amont de la tête horizontale et sur le même plan (fig. 91). Comme ce bec est de 60 et 100 mètres en avant de l’ancienne digue, les 2 mètres de hauteur excédante d’eau vive n’arrivent à celle-ci qu’après avoir perdu presque toute leur force, et sont arrêtés par ce rempart désormais indestructible. Onze épis, en général perpendiculaires à la direction du bec de mer, et distans entre eux de 125 mètres environ, représentant le plan et la coupe de la queue d’un épi (Voir les fig.), avancent de 50 à 100 mètres vers l’Océan, pour diviser l’effet des vagues, et préserver du courant les parties opposées du talus : ils ont 8 mètres de largeur à la racine, 6 mètres à la queue, et sont fondés à 0m, 60 au-dessus de l’estran (fig. 92 et 93) ; le mouvement de la marée comble successivement les intervalles de ces épis, et donne chaque jour à ceux-ci plus de consistance.

Les épis et la partie du talus en clayonnage furent exécutés par des ouvriers hollandais, sous la direction de M. Plantier, sur un banc d’argile d’un mètre de hauteur. Une couche de paille, épaisse de 5 centimètres, fut consolidée en travers par des cours parallèles de saucissons en paille. Ces liens, distans de 20 centimètres de centre en centre, furent confectionnés et enfoncés de 20 centim. dans l’argile, au moyen d’instrumens particuliers (fig. 94), et à chaque intervalle de 30 centimètres, comme cela est indiqué dans le plan et la coupe figurés du revêtement en paille (fig. 95 et 96). Au-dessus de la paille, on posa 2 rangées de fascines (fig. 97 et 98), dans le sens de la ligne de plus grande pente. Ce lit de fascines et de paille fut traversé par des piquets à crochets, distans entre eux de 25 à 33 centim. dans le sens du talus et de 40 centimètres sur l’horizontale. On dépassa ainsi les fascines de 30 cent., et on affleura le revêtement en maçonnerie du bec de mer ; un clayonnage, haut de 30 centimètres, relia les piquets d’une même horizontale, et ils furent tenus par leurs crochets de tête ; une grosse blocaille remplit les intervalles des tunages. Les 50 premiers mètres d’épi sont à tunes serrées, distantes de 20 centimètres ; le reste est en tunage blocaillé décrit ci-dessus.

L’officier supérieur qui nous fournit ces détails regarde cet ouvrage comme unique en France, et peut-être en Europe : commencé en 1825 et terminé en 1828, il a couté 500,000 francs ; toute l’île de Noirmoutier se trouve préservée d’une inondation qui paraissait imminente. J.-C.-F. Ladoucette.

Un autre travail qui mérite également d’être cité pour exemple, c’est l’endiguage de la baie de Kurnic. La digue est longue d’environ