Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 83 )

s’en reſſentir. „ Alors elle ſe tut, oppreſſée par la vivacité de ſon apoſtrophe ; elle verſa des pleurs, non de tendreſſe, mais de déſeſpoir & de rage. Cependant j’étois revenue de ma premiere frayeur, & lui dis : „ Madame, je ne ferai point de menſonge ici. Je ne déſavouerai pas ma faute, trop prouvée, que vous appellez un crime, Si c’en eſt un, c’eſt celui de la nature, c’eſt le vôtre, vous ſavez par votre propre expérience, qu’on ne peut ſe ſouſtraire à ſon penchant, que les promeſſes ni les ſermens ne peuvent rien contre elle ; que tôt ou tard elle reprend ſon empire ; mais je me défendrai du crime plus réel d’ingratitude. Ce ſentiment n’eſt point dans mon cœur, il eſt loin de moi. Je ſuis pénétrée de vos bontés ; je m’en ſouviendrai toute ma vie ; je voudrois les payer de mon ſang, & ſi mes ſervices vous ſont agréables, je conſens à vous