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gieuse toilette, de sa petite fille, de son mari qui suivait à la distance imposée par une traine de robe, eût remarqué autre chose qu’une consultation artistique ; elle était du reste au courant du projet de tableau. Tandis que madame de Vignon et son mari échangeaient des poignées de main avec toute la jeunesse accourue au son de voix éclatant de la comtesse, la petite Fée, autrement Félicité, un amour d’enfant de trois ou quatre ans, aux longs cheveux dorés, flairant l’odeur de certains petits gâteaux posés sur la table, se tenait sur la pointe des pieds, pour se hausser jusqu’au plateau.

— Voilà ce qu’il nous faut — voilà ce que nous cherchons depuis si longtemps, le véritable lien entre mes deux groupes ! s’écria Nariskine, montrant à la baronne l’enfant ainsi posée, et vite il saisit son crayon pour fixer un mouvement ravissant qu’il n’eût pas retrouvé facilement. L’enfant, très absorbée, continuait son petit manège, rassurée par le bruit des voix ; mais la table était légère ; l’enfant s’appuya trop fortement et tout dégringola, bébé, table, gâteaux, dessins, avec force cris. On en fut quitte pour la peur, et mademoiselle Fée, bientôt assise au milieu des ruines, ramassait les petits fours. Tout le monde approuva l’idée du peintre ; les parents, très flattés, donnèrent leur consentement ; la comtesse