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Ce jardin d’hiver était bien un endroit idéal pour un artiste ; aucun atelier ne pouvait donner un jour plus splendide, une lumière plus vive et plus douce, qui enveloppât mieux les personnages, et fît mieux valoir les tons de la chair sans donner d’ombres trop noires. Puis, tout y était beau et comme disposé d’avance pour satisfaire aux exigences du peintre. Au centre s’élevait un magnifique palmier, aux larges feuilles pareilles à des mains de géant ; de petites allées, pratiquées au milieu de la verdure exotique, se perdaient mystérieusement, et donnaient l’impression de l’étendue et du lointain. On avait autant que possible ôté toute régularité à ce coin ravissant ; ici un massif de camélias en fleur arrêtait la vue, d’un autre côté des plantes basses, — bégonias aux feuilles tachées de rouge, dracenas raides et comme taillés dans du métal — mises en pleine terre, laissaient voir tout au fond une petite fontaine murmurante ; l’eau sortait d’un rocher et se perdait au milieu de nénufars aux feuilles étalées ; le bord était caché par des gazons, des cheveux de Vénus ; des mousses émaillées de fleurs microscopiques.

Ivan ne commençait jamais une œuvre sans l’avoir profondément méditée ; il était lent à se décider, faisant beaucoup de croquis, changeant, ajoutant, retranchant, ne regardant aucun détail comme insignifiant ; puis, enfin, le jour où il se