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Laure, un bel exemple de jeune fille bien élevée ; elle était d’une franchise désespérante qui amusait sa marraine, de façon qu’elle ne s’en corrigeait pas ; elle avait aussi une manière fière de regarder les gens bien en face, qui scandalisait la grosse Amélie et sa fille aînée.

— Vous devez bien me détester, reprit le peintre ; dès la première fois où nous nous sommes trouvés ensemble, j’ai été un vrai trouble-fête.

À ce moment, Véra quittant l’autre groupe, dont les rires et les propos agaçaient si bien l’impatiente jeune fille, vint regarder ce que faisait l’artiste.

— Vous avez entrepris là, je crois, une tâche à peu près impossible, M. Nariskine ; Marca ne sait pas ce que c’est que la tranquillité.

— Aussi vais-je lui rendre la liberté, dit-il en souriant.

— Je peux m’en aller — vrai ?

Sur un signe du peintre, elle partit comme une flèche, et deux instants après son rire perlé se mêlait aux autres rires. Le beau Maxime était fort en train ce jour-là.

Véra s’assit auprès d’Ivan, et en les voyant ainsi, on eût dit qu’elle prenait un intérêt extrême à ce tableau, dont elle avait suggéré l’idée ; leurs têtes se rapprochaient et le dessin, maintenant étalé sur une table, servait de prétexte fort plausible à ce rapprochement.