Page:Mairet - Marca.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE VIII


— Cela ne vous amuse pas beaucoup de poser, Mademoiselle ?

Ivan Nariskine, qui faisait un bout de croquis d’après Marca, s’arrêta tout d’un coup dans son travail ; il avait été tellement absorbé, commençant enfin à voir le tableau qu’il devait faire, qu’il n’avait pas remarqué tout d’abord les signes d’impatience de la jeune fille. Marca se tenait d’abord sur un pied, puis en changeait, tournait la tête, soupirait, et alors se mettait tout doucement à fredonner un air de ballet entendu la veille à l’Opéra, en allongeant le cou pour mieux apercevoir un groupe à l’autre bout du jardin d’hiver, — enfin, se montrait le plus détestable modèle possible. Quand Ivan baissait la tête, tout appliqué à crayonner, elle lui faisait une petite moue d’enfant gâtée, qui ne s’effaçait pas complètement au moment même où les yeux de l’artiste se relevaient vers elle.

— Ah ! non, cela ne m’amuse pas ! répliqua-t-elle avec une franchise comique qui le fit sourire.

Marca n’était pas du tout, comme sa cousine