tenant inépuisable. De plus, tout bas, elle se disait que les ans étaient venus, qu’il fallait chercher à jouir de son reste de jeunesse. Une femme de quarante ans n’aime plus comme une femme de vingt.
De son côté Ivan était changé, lui aussi. Il n’était plus le peintre presqu’ignoré qu’une grande dame était allée prendre par la main ; il était connu maintenant et commençait à être apprécié ; il ne lui fallait plus que l’estampille française pour passer grand homme. La distance entre sa belle maîtresse et lui était donc diminuée ; il la voyait de plus près, et la voyait mieux ; il était plus épris que jamais, mais un peu moins aveugle ; Véra se sentait trop sûre de lui à présent pour chercher à rester éternellement sur le piédestal où il l’avait placée ; un piédestal est très flatteur, mais on s’en fatigue un peu à la longue.
Ivan précéda Véra à Paris. Il la revit le soir du bal, et sentit une petite commotion désagréable, quand il vit une grande jeune fille présentée comme fille adoptive ; cette enfant de dix-sept ans vieillissait un peu la belle Véra. Ce ne fut qu’un éclair, mais plus tard il s’en souvint.
Il hésita longtemps avant de se décider à accepter le diner de famille qui devait l’introduire dans l’intimité du cercle de Véra. Le mensonge lui répugnait ; il était, comme elle le lui avait dit, fort mauvais acteur. Cent fois il fut sur le point d’écrire