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— Tout ce qui vous approche de trop près m’irrite : vous l’aimez beaucoup ?

— Moi ? nullement ; elle m’amuse, comme tous les autres ; je tire des ficelles, et je vois danser les pantins qui m’entourent ; je suis née spectatrice : je me donne bien en spectacle à moi-même !… Et ce spectacle n’est pas le moins curieux, je vous assure.

— Je n’aime pas à vous entendre parler ainsi.

— Mon cher, je m’appelle Véra, et je cherche à ne mentir ni aux autres, ni à moi. — Il est très bien, votre tableau, vous y avez beaucoup travaillé depuis Florence…

Elle l’examinait avec attention, tout en parlant… Il était maintenant à côté d’elle.

— Je veux que vous ne rougissiez pas trop de moi.

— Et moi je veux que vous fassiez pâlir les œuvres de tous ces Français vaniteux qui vous ont fait souffrir par leur dédain ; il leur est venu un maître du Midi, je veux qu’ils en reconnaissent un autre venant du Nord.

Alors elle lui fit quelques critiques très sensées, en femme qui connaît par cœur le fort et le faible du peintre qu’elle aime : il fallait une petite note de couleur vive, là dans ce coin où se trouvaient jetés les vêtements du modèle ; vêtements communs contrastant avec les oripeaux brodés qui drapaient