Page:Mairet - Marca.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

milieu de votre splendeur, entourée de tous ces hommes qui dévoraient votre beauté des yeux, qui avaient, plus que moi, le droit de vous approcher. Perdu dans la foule, j’ai souffert des tortures… Ah ! Véra, que je hais votre richesse, que je voudrais vous arracher vos diamants ; que je vous voudrais pauvre, seule au monde, car alors seulement vous seriez à moi, vraiment à moi…

— Ingrat !

Elle se laissait aller, posant la tête sur son épaule, l’enveloppant de son regard comme pour lui prouver qu’il n’y avait aucune barrière entre eux : elle restait très maîtresse d’elle-même toutefois.

Elle se leva brusquement et se mit à examiner l’atelier. Ivan restait à sa place, ivre, l’appelant du regard. Comme elle ne répondait cas à cette supplication muette, il continua sa plainte :

— Me laisser vivre si longtemps sans vous, ne me donnant que quelques lettres par-ci par là ! vous voulez donc me rendre complètement fou ?

— Peut-être, fit-elle avec un petit rire ; elle ajouta : — Que vous êtes donc mal ici, Ivan, vous ne savez pas vous arranger un intérieur, vous qui arrangez si bien celui des autres. Mon hôtel est charmant, — tel que je l’avais rêvé. Tous mes compliments, mon cher.

Elle disait cela légèrement, allant et venant, faisant une grimace au chevalet en bois blanc, ap-