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tir. Rien qu’à voir son chevalet en bois blanc, son poêle à bon marché, puis à côté un superbe tapis d’Orient pas encore mis en place, quelques vieilles tapisseries clouées aux murs, on devinait que le peintre avait connu la pauvreté, qu’il commençait à gagner de l’argent ; et les premiers objets de luxe qu’il se permettait se trouvaient comme dépaysés au milieu des restes d’une vie de privations.

Le tableau qu’il étudiait avec une attention si profonde était presque terminé. Le sujet était très simple, comme tous les sujets qu’il choisissait ; c’était un intérieur d’atelier, un atelier, non pas comme le sien, mais un vrai fouillis de belles choses : bahuts sculptés, meubles de la Renaissance, draperies merveilleuses, bibelots de tous les genres. Une lumière douce et tamisée glissant sur tout cela se concentrait sur le modèle qui posait. Le peintre, un superbe garçon en costume moderne de travail, semblait très attentif à son petit tableau, qu’on devinait, rien qu’à voir sa façon de tenir les pinceaux, bien proprement travaillé, pourléché, blanc et rose : une jolie porcelaine. Le modèle, une enfant de quinze ans, à moitié nue, était une merveille d’exécution ; elle posait, sans songer à autre chose, elle faisait son métier ; on sentait qu’elle avait un peu froid ; les tons de la chair étaient