qui passait à travers une grande fenêtre aux petits carreaux en losanges, faisaient un ensemble très harmonieux. J’oubliai de faire un compliment au peintre, car j’étais absorbée ; je voulais savoir l’histoire de ces gens-là, qui ne me semblaient pas des personnages de convention.
« Nous étions seuls dans la grande galerie, on dansait à côté, et la musique nous venait par bouffées ; tout d’un coup je sentis que le jeune homme me regardait et je levai les yeux en souriant.
— Je ne fais pas mon devoir ; vous avez droit à des compliments et je ne vous en fais pas.
— Pardon, mademoiselle ; l’attention avec laquelle vous regardiez mon tableau est le meilleur des compliments.
— Je le regardais parce qu’il me disait quelque chose, que je sentais la vie sous la peinture ; mais en réalité je ne me connais pas en art ; je sors de pension, je n’ai encore rien vu ; j’en suis pour le moment à suivre mes impressions ; dans un an peut-être, je saurais faire la critique du tableau.
— J’aime mieux vos impressions puisqu’elles me sont favorables ; votre critique ne le serait peut-être pas. Puis il ajouta avec un peu d’hésitation : Vous sortez de pension…, une pension russe ou française ?
— Française — je n’ai jamais été en Russie — que je sache… ajoutai-je ; car après tout je ne sais