Page:Mairet - Marca.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une artiste, qu’il est facile de prévoir que votre maison deviendra un centre pour tous les hommes de génie. — C’est à ce titre que je me suis permis de vous amener un de vos compatriotes, M. Ivan Nariskine.

« Le monsieur très décoré semblait si content de lui-même et de sa belle phrase qu’il ne faisait pas grande attention à son « homme de génie » ni à ma marraine. Moi, qui n’avais pas fait de belle phrase, je les regardais avec curiosité : le visage presque laid de M. Nariskine semblait transfiguré ; et je lui savais gré de son admiration très évidente pour ma marraine ; il ne voyait qu’elle, et, de son côté, sans faire le moindre mouvement, et parlant de sa voix ordinaire, elle me fit pourtant tressaillir ; je ne l’avais jamais sentie aussi impérieusement belle qu’en ce moment. Le monsieur avait raison, elle a beaucoup de sympathie pour le génie.

— Monsieur Nariskine, dit-elle, n’avait pas besoin d’être présenté chez moi ; nous sommes presque de vieilles connaissances ; je suis allée à son atelier de Saint-Pétersbourg, — il y a déjà longtemps — et une de ses œuvres se trouve en ce moment à une place d’honneur dans ma galerie…

« Et, souriant, elle lui tendit la main.

— Ce qui est resté une date mémorable dans la vie du pauvre peintre, pouvait bien avoir été oublié par vous, Madame.