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veilles, ne m’a pas changée, en changeant tout autour de moi. Je vous assure que si la tête tourne un peu à votre élève la plus choyée, le cœur est bien à la même place, et que vous y trônez toujours.

« Mais parlons de la fée qui m’a servi de marraine. Je suis tout étonnée de ne pas voir une lumière magique l’envelopper, suivre tous ses mouvements, lui faire une auréole comme cela arrive pour les fées de théâtre. Quand je lui ai dit cela l’autre jour, cela a paru l’amuser beaucoup ; elle se laisse admirer par moi, et je vous assure que j’use de la permission. Je ne sais pas si elle est belle, je crois même que non, mais elle est superbe ; elle attire, et elle fait un peu peur ; quand elle est au salon, personne ne songerait à regarder des petites filles comme mes cousines et moi ; elle appartient à une autre espèce, et la beauté du diable n’a qu’à se faire humble devant elle. Je voudrais tant l’aimer… et je n’ose pas ! Cela vous semble étrange, n’est-ce pas, chère madame, vous qui avez réussi à me faire oublier que je n’avais pas de mère… Eh ! bien, vraiment je n’ose pas. Je ne suis pas timide de ma nature ; et cependant quand nous sommes seules, et que je voudrais me jeter à son cou, et la remercier de ses bontés pour moi, quelque chose me retient : je sens que je l’étonnerais.

« Elle est pourtant très bonne pour moi ; elle m’oublie bien un peu, quelquefois, quand nous