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un grand blond aux cheveux toujours crêpelés, comme au temps de son enfance ; à la moustache superbe, aux yeux bleus, pleins d’éclat, au rire sonore. Sa mère l’adorait ; elle était fière de ce fils ; elle le défendait comme une lionne protège son petit, quand le baron Jean trouvait que son héritier dépensait beaucoup d’argent, et ne songeait guère à en gagner. Est-ce qu’on est fait pour aligner des chiffres, quand on est tourné comme Maxime, quand on porte crânement la décoration gagnée sur le champ de bataille à vingt ans, quand on est adoré des femmes ?

Et le beau Maxime était complètement de l’avis de sa mère. Tous l’aimaient : hommes, femmes et enfants ; il trouvait la vie bonne et en usait largement. Il aurait été désolé de faire du mal à n’importe qui, mais il fallait qu’il s’amusât. C’est pour cela qu’il avait été mis au monde.

En ce moment, il faisait l’aimable avec sa cousine par à peu près, qu’il trouvait fort gentille, et ce fut au milieu d’éclats de rire que Véra, sans se faire annoncer, entra. Elle sourit, très satisfaite. On se précipita, et ce fut, pendant quelques instants, un tel brouhaha de paroles, d’exclamations, qu’elle se laissa questionner, féliciter, embrasser, sans rien dire. Alors, de part et d’autre on se regarda.

Véra avait à ce moment-là quarante-deux ans ;