Page:Mairet - Marca.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

part de meuble complet d’une même couleur ; sur les cheminées, plus de garnitures. La mode avait changé de fond en comble depuis le temps du beau baron ; le bric-à-brac des artistes, débordant des ateliers, avait envahi les salons ; la fureur japonaise était dans toute sa fièvre. Brodés en or sur les dos des fauteuils qui étaient très bas, très moelleux, on voyait des monstres, des griffons étalant leur superbe laideur ; les couleurs les plus diverses se fondaient les unes dans les autres, très effacées partout ; des demi-teintes relevées par des broderies, qui étincelaient aux lumières ; le tout sur des tapis épais, aux dessins orientaux. Puis partout, un encombrement de meubles bizarres, recueillis un peu dans tous les pays ; des incrustations italiennes, merveilleusement travaillées, que faisaient ressortir le noir de l’ébène sculpté ; dans un autre coin, quelqu’échantillon rare, venu de Hollande, meuble ventru, avec des fleurs et des oiseaux en mosaïque de bois ; les pays fraternisaient, les siècles se donnaient la main. Beaucoup de bibelots fragiles sur des étagères, près desquelles on passait en tremblant ; des verres de Venise aux mille nuances, des porcelaines rares, et toujours et partout quelque horreur grimaçante, trônant comme le dieu de l’endroit. Plus de panneaux blanc et or, mais des draperies, des tentures couvertes de broderies fantastiques : le bleu-blanc, à côté du rouge presque