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son mari, au contraire, s’avança vers la veuve, pour lui faire son compliment.

Une semaine plus tard, l’hôtel du Parc Monceau était fermé. Véra annonçait qu’elle partait pour la Russie : elle avait sans doute besoin d’exhaler sa tristesse dans l’air natal ; sa mère vivait encore, exilée richement à Saint-Pétersbourg, par les soins de son gendre, qui l’avait toujours eue en horreur. Véra avait assez envie d’étaler devant des gens qui l’avaient vue pauvre et besogneuse, l’éclat de ses millions ; mais elle ne comptait pas rester très longtemps ; un peu de lilas se mêlerait discrètement à son deuil sévère quand elle rentrerait dans la ville qu’elle aimait tant, dans le pays qu’elle regardait comme le sien.

Mais, au lilas discret, succédèrent les autres couleurs n’ayant aucun rapport au deuil, sans que Véra parût même se souvenir du pays qu’elle regardait comme le sien. Son beau-frère lui écrivait de temps en temps des lettres fort affectueuses, lui disant combien elle leur manquait ; ces lettres, qui coûtaient beaucoup à leur auteur, amusaient celle qui les recevait ; mais elle répondait toujours très exactement, mesurant ses expressions d’intérêt aux expressions d’affection, s’informant avec soin de la santé de cette bonne Amélie, et au jour de l’an ne manquant pas d’envoyer une jolie somme destinée aux étrennes des « chers enfants ». De cette façon