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bagatelle. On l’élèverait, on lui donnerait une éducation quelconque, une petite dot, on lui trouverait un mari parmi les employés de la banque — et voilà. Somme toute, il faut faire un peu de bien dans ce monde, quand cela ne dérange pas trop ; on ne sait pas après tout — cela peut être un placement à vingt pour cent pour l’autre vie !

Le résultat des réflexions de Véra fut que l’enfant reparut dans la belle calèche de la baronne ; elle était si gentille dans son joli costume que Véra se prit d’une espèce d’affection pour elle, et lui acheta la plus belle poupée de la rue de Rivoli. Elle était toujours fort curieuse de ses propres sensations, se tâtant, s’examinant à la loupe, pour ainsi dire, ne demandant qu’à se sentir un peu de chaleur au cœur, s’encourageant elle-même quand elle commençait à ressentir quelques-unes des émotions décrites dans les livres qu’elle avait lus. Elle était heureuse quand l’enfant lui mettait ses petits bras autour du cou, quand elle bégayait le nom de marraine, que Véra se faisait donner. Les enfants ont de si mignonnes façons, des petites caresses si inattendues, qu’il est bien difficile de rester tout à fait indifférent à leur égard.

La position de Véra s’était beaucoup affermie pendant ces quatre années ; on ne parlait plus d’elle comme de « l’aventurière » ; son influence sur son mari n’avait fait qu’augmenter ; il était évident