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sée, elle avait la frénésie de jeter son argent par toutes les fenêtres de son palais ; sa jeunesse l’avait abandonnée, elle se fardait. Autant elle avait été naguère rigide en toutes choses touchant aux convenances, autant maintenant elle semblait chercher le scandale. Elle avait songé à aller à la poursuite d’Ivan ; puis elle y avait renoncé. Elle se réjouissait d’avance en songeant au moment où son amant retournerait à Paris. Bien des choses s’étaient passées à peu près comme elle l’avait prévu ; seulement ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était le dénouement de l’histoire.

L’espèce de légende qui désormais s’attacherait au nom de sa filleule, la fit entrer dans une rage tenant de la folie ; l’article du journal, qui lui arrivait à des dixaines d’exemplaires, ajouta à sa frénésie. Une nuit, elle eut une attaque de paralysie, qui la laissa complètement au pouvoir de ses domestiques. Elle ne pouvait ni bouger ni parler ; mais le cerveau travaillait encore ; les yeux, inquiets, terribles, cherchaient un visage connu.

Son beau-frère, toujours dévoué, fit le long voyage pour aller la soigner. Elle vécut plusieurs mois encore. Enfin, à sa mort, le baron Jean respira ; malheureusement pour lui, elle avait fait un testament.

Sa fortune allait tout entière à une fondation