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vent, cela ne tire pas à conséquence… Une fois j’ai voulu examiner un petit bracelet que Marca portait ; mais elle s’y est refusée. Tout à l’heure on l’a ôté. À l’intérieur j’avais, il y a dix-neuf ans, griffonné des initiales, une date. À la loupe, j’ai retrouvé le griffonnage… C’était cela. — Ah ! que c’est donc bête, la vie !… Vous voulez voir ? entrons alors… C’est moi qui l’enterre, vous savez !

On avait voulu faire un enterrement bien simple, où seuls les quatre hommes seraient allés. Mais l’histoire se raconta ; le cimetière était plein de monde ; des femmes sensibles pleuraient. Il n’y avait qu’une voix pour maudire Véra. De la famille de Schneefeld, Maxime était le seul présent ; il suivait tout de suite après M. de Vignon. Une belle couronne blanche avait été envoyée avec ces mots : « Claire à Marca. »

Le lendemain, dans un grand journal, un article racontait l’histoire, demandant qu’il fût interdit aux grandes dames d’adopter, sans des garanties sérieuses, des enfants, pour les jeter ensuite dans la rue — cette rue qui mène droit à la Seine. L’article était écrit avec une passion, avec une éloquence farouches, et signé Pierre Dubois.

Véra reçut le journal, on le lui envoya de partout.

Elle menait à Saint-Pétersbourg une vie insen-