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tenus avant son mariage ; il avait été un viveur aussi bien qu’un spéculateur, aussi heureux dans un rôle que dans l’autre ; il avait su garder la fortune immense qu’il avait gagnée, et, grâce à une santé de fer, il avait résisté à une vie qui aurait tué un homme ordinaire.

Ce n’était nullement un homme ordinaire que le baron Max de Schneefeld. Parti de rien, cadet de cadet d’Allemagne, il avait laissé là et sa famille et son pays ; il avait senti de bonne heure qu’il lui fallait un autre champ de bataille que la petite ville sur le Rhin qui l’avait vu naître. Il arriva à Paris, sans le sou, se fit petit, bien humble, entra dans une banque comme employé de sixième ordre ; se montra actif, très intelligent, et prêt à faire n’importe quelle besogne. Sa fortune se fit prodigieusement vite ; avec ses premiers petits gains, il spécula ; il vivait de rien, mettant chaque sou de côté ; puis il se fit naturaliser français. À trente-cinq ans, il était déjà millionnaire ; il fonda alors une banque, fit venir un frère, plus jeune que lui de douze ans, et se souvint que dans sa famille on portait le titre de baron, de l’aîné au plus jeune : il trouva que cela faisait très bien sur les prospectus et dans la bouche des laquais aux portes des salons.

Alors il se vengea de sa jeunesse austère et travailleuse ; il fut connu dans tous les mondes de Paris ; il n’avait rien gardé de l’attitude humble et