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Elle allait très vite. Où ?… Elle n’en savait rien. Cependant, au milieu de la fièvre qui la brûlait, elle gardait assez de présence d’esprit pour éviter les rares passants qui se retournaient afin de la mieux voir. Elle allait de plus en plus vite ; elle eut conscience qu’une fois on chercha à l’arrêter ; mais elle glissa rapidement et continua son chemin.

Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait faire ; mais elle voulait fuir ; elle ne pouvait plus voir Maxime… elle en avait peur.

Il faisait très noir ; la lune disparaissait dans les nuages ; le froid du petit matin se faisait sentir. Marca allait toujours. Enfin elle comprit qu’elle laissait la ville derrière elle. Il y avait moins de maisons, et beaucoup plus d’arbres ; elle entendait un bruit qu’elle reconnut, un bruit qu’elle entendait au beau temps où elle était heureuse, là-bas à la campagne, quand il faisait chaud, et qu’on se reposait sous les saules — le bruit sourd de la rivière. Cela lui faisait plaisir, des bouts de phrases lui revenaient ; elle entendait la voix de Maxime qui disait : « J’aimerai toujours cette rivière qui t’a jetée dans mes bras… » Elle se rappelait comment elle avait failli mourir alors, et que cela ne faisait pas souffrir beaucoup ; Maxime l’avait sauvée…

D’instinct elle se rapprocha ; il lui semblait que le murmure de l’eau l’appelait ; du reste, la fièvre,