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la dégoûter à tout jamais de ce viveur qu’elle aimait encore ; car cette ombre qui glissait était une ombre féminine. Il se blottit bien dans la porte.

La jeune femme franchissait un espace éclairé par la lune — il eut une suffocation : il avait reconnu que cette femme, c’était Marca.

Elle approchait, et alors, brusquement, il quitta sa cachette et se mit devant elle, dans la lumière blanche, ne disant pas un mot, mais la regardant.

— Pierre… ce n’est pas vrai ! Vous vous trompez, mon ami…

Mais ses paroles expiraient sur ses lèvres : elle sentait qu’il ne la croyait pas.

— Je me trompe en croyant que vous venez de chez votre amant ? Savez-vous qu’il est deux heures du matin ?

— Écoutez-moi !

— À quoi bon ?… Et dire que je l’aimais, que je la voulais pour ma femme, que je l’aurais adorée, vénérée !

— Je mourais de faim et de froid ; il m’a donné à manger ; je me suis réchauffée à son foyer ; il pleurait en me voyant si malade ; — et, quand j’ai voulu partir, il m’a ouvert la porte. Demain sa sœur viendra me prendre et toutes mes misères seront bien finies. Si j’avais fait mal, il ne m’amènerait pas sa sœur, n’est-ce pas ?

— Je ne vous crois pas — vous mentez !