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— Tu ne m’aimes donc plus ?

— Je t’aime plus que jamais… c’est pour cela que je ne dois pas te voir. Quelqu’un… un ouvrier qui voudrait m’épouser, sait que je t’aime. S’il nous voyait ensemble, je serais perdue de réputation. Adieu.

— Non pas !

— Tu veux donc un scandale en pleine rue ? Que diraient tes beaux amis ? Tu rougirais si nous les rencontrions…

— J’irai te trouver chez toi…

— Ma porte est toujours fermée. Je crierais… Mon voisin Pierre viendrait à mon secours.

— Qu’est-ce qu’il est, ce Pierre ?

— Un homme de cœur. Si je n’avais pas été folle, je l’aurais aimé. Après tout, je suis de sa classe à lui et non de la tienne. Adieu.

Elle s’était esquivée, elle était déjà loin ; mais, au moins, maintenant il savait où la trouver. Laure était de retour, le voyage de noce fini ; elle n’avait pas mauvais cœur au fond ; elle n’était plus sous la tutelle de leur mère ; ils iraient ensemble. Marca ne refuserait pas de se laisser aider par une femme. Il alla chez sa sœur presque en courant. Laure était sortie, elle dînait en ville, on ne l’attendait que tard. — Ce sera pour demain, se dit Maxime, et sa conscience se tint pour satisfaite.

Marca ne songea pas à s’acheter du pain en ren-