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femme de chambre. Cela vaudrait mieux encore, n’est-ce pas-, que de l’envoyer aux enfants trouvés ? Mais elle sera gentille, j’en suis sûre, et alors…

Elle regarda sa belle-sœur d’un certain air qui n’échappa à personne. Cependant, elle ne prononça point la phrase que tout le monde attendait, mais dit :

— Et alors, nous l’aimerons bien. Elle ajouta d’un ton dégagé : Du reste, la loi ne me permet pas, à mon âge, d’adopter régulièrement un enfant — ce ne sera donc qu’un essai.

Il fallut en rester là. Il arriva des invités que Véra reçut avec une bonne grâce extrême ; elle était dans son élément quand elle recevait ; si elle ne faisait pas étalage d’esprit, elle savait en inspirer aux autres ; c’était, quand elle voulait s’en donner la peine, une maîtresse de maison parfaite, s’occupant de tous, mêlant les groupes, animant son salon, tout en restant elle-même fort tranquille. Il y avait un contraste piquant entre sa façon d’être, réservée et digne, et sa toilette qui faisait ressortir, brutalement, la beauté de ses formes superbes. Elle attirait, et elle décourageait ; il était impossible de ne pas s’occuper d’elle. Son mari, plus épris que jamais, la dévorait des yeux ; il lui importait peu qu’on le sût, il était fier de sa passion.

Il savait pourtant qu’on se moquait de lui, qu’on répétait les propos de vieux garçon qu’il avait