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que cela. Et cependant, dans deux ou trois jours, elle devrait deux mois entiers pour son logement. C’est qu’elle avait été assez longtemps sans trouver même ce travail d’aiguille. Un jour, au désespoir, se rappelant tout ce que M. Nariskine lui avait témoigné d’intérêt, même avant d’avoir songé à l’aimer, elle s’était décidée à aller le trouver ; il était trop généreux et trop fier pour abuser de cette confiance. Mais l’atelier était fermé ; des lettres et des cartes attendaient dans la loge du concierge. Marca laissa un petit mot, priant qu’on voulût bien l’envoyer avec le reste, aussitôt qu’on aurait une adresse.

Tout lui manquait ; elle se demandait comment elle pouvait continuer à vivre, comment il se faisait que le chagrin ne la tuât pas ; mais tous les jours elle avait de nouveau faim, et toutes les nuits elle dormait tant bien que mal. La jeunesse est vivace ; une fille de dix-huit ans ne meurt pas parce qu’elle veut mourir. Elle souffrait pourtant beaucoup — surtout du froid. Dans sa mansarde le vent entrait, l’eau y gelait souvent. Il lui arrivait de se mettre au lit pour ne pas s’engourdir tout à fait tandis qu’elle travaillait.

Et, malgré tout, elle espérait encore… De sa fenêtre, l’aiguille à la main, elle guettait le pavillon ; souvent, le soir, elle voyait de la lumière aux fenêtres. Maxime fêtait ses amis.