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J’aurais dû te laisser passer sans me faire reconnaître ; mais j’avais envie de dire… que je t’aime toujours.

— Et moi aussi, je t’aime. J’ai tant pleuré ! Mais tu es pauvre, Marca — comment vis-tu ? À la maison on ne me dit rien ; seulement Maxime, que je tourmente, me répond toujours que tu es avec une dame qui t’aime, et que tu ne manques de rien. Je ne le crois plus, maintenant que je t’ai vue…

— Maxime a dit vrai, je ne manque de rien. Elle cherchait à mentir sans baisser les yeux.

— Je travaille ; bientôt je quitterai la France, et je voulais te dire adieu, voilà tout. Embrasse-moi… on ne te verra pas. Maintenant va, on l’attend.

— Maxime sait-il où te trouver ? Il me mènera chez toi… je l’en prierai tant.

— Il ne le sait pas… Adieu, petite cousine… adieu, Claire. Dis-toi que je t’aime toujours… Le suisse majestueux attendait, la bourse tendue vers la quêteuse ; beaucoup de têtes curieuses se tournaient de ce côté ; on se demandait déjà si cet incident ne cachait pas autre chose. La baronne, de son fauteuil, cherchait à comprendre ce que signifiait ce petit scandale. Il fallait bien partir ; Claire avait des larmes aux yeux et s’acquittait fort mal de sa tâche. Marca se cachait la figure ; personne ne la reconnut.

Ce ne fut qu’après bien des efforts que Claire,