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Marca sentit un tel besoin d’un regard ami, qu’elle oublia toute prudence. Le suisse venait de passer, frayant un chemin, faisant sonner sur les dalles sa hallebarde, et Claire, souriante et gentille, présentait sa bourse en velours et disait doucement : « Merci, » à chaque offrande, rougissant sous les regards des hommes qui la toisaient. Quand elle s’arrêta à la chapelle, Marca leva ses tristes yeux et les fixa sur sa jeune amie.

— Marca !

Le cri était étouffé, mais le demi-arrêt étonna le garçon d’honneur, et jeta un peu de trouble dans la procession majestueuse.

— Laisse tomber ta bourse, souffla Marca qui s’était rapprochée.

Claire comprit, trébucha comme si le pied lui manquait, et laissa rouler par terre la bourse avec tout son contenu. Cela fit tout un petit événement : le suisse oublia sa dignité, le garçon d’honneur devint très rouge, et tous deux se mirent à ramasser vivement les gros sous et les pièces blanches. Dans cette confusion personne ne remarqua la jeune fille mal vêtue, qui, sous prétexte d’aider la quêteuse, se baissait et lui parlait à mi-voix.

— Marca, je t’en supplie, dis-moi où tu demeures, laisse-moi aller te voir, t’aider.

— Comment le pourrais-tu, ma pauvre Claire ?