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cravate blanche qui l’écoutait. Il comprit enfin qu’elle demandait à entrer au magasin, qu’elle n’avait pas de recommandations, et qu’elle n’avait pas fait le moindre apprentissage.

— Ah ! monsieur, s’écria la pauvre enfant, s’arrêtant au beau milieu de son récit, je vous assure que personne ne montrerait plus de zèle que moi ; j’ai un si grand désir de gagner honnêtement ma vie !

Le monsieur était très poli, quoique froid ; il prit l’adresse de la jeune fille, lui disant qu’il était possible, après tout, que dans cette saison de grand travail, on la prît comme aide supplémentaire. Il fit venir un commis anglais pour constater la qualité de son accent, et la renvoya avec quelques bonnes paroles ; Marca resta pourtant très convaincue qu’elle n’entendrait plus parler de l’affaire ; en quoi elle ne se trompait pas.

Elle était bien découragée, bien triste. Il faisait froid ; une neige aux trois quarts fondue rendait les rues sales et hideuses. Marca grelottait ; son manteau était mince, ses bottines commençaient à s’user. Qu’allait-elle faire ? Elle regardait le ciel gris, couvert de nuages noirâtres qui se poursuivaient, fouettés par un vent glacé ; et, tout en marchant, heurtée à tout instant par les passants qui se pressaient, elle pria avec une ardeur qu’elle ne se connaissait plus depuis des années. Se trouvant