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Il ne pouvait l’entendre, il ne pouvait la voir. C’est si haut une fenêtre de mansarde !

Alors sa peur redoubla. Elle était encore bien ignorante des choses de la vie ; mais, comme elle l’avait dit à M. de Vignon, la misère instruit vite. Il fallait mettre des obstacles entre elle et Maxime ; des obstacles qu’il lui serait impossible de franchir. Elle ne parviendrait à l’oublier un peu que si elle pouvait se persuader qu’ils ne se reverraient jamais. Soudain, il lui vint une idée ; sa meilleure amie de classe était une Américaine, une jeune fille de Chicago, qui avait quitté la pension dix-huit mois avant elle.

Les deux amies avaient commencé par s’écrire des volumes ; puis, comme il arrive généralement, la correspondance avait cessé peu à peu, et Marca ne se rappelait pas bien exactement même l’adresse de son amie. Mais le père était un homme très connu ; une lettre, même mal adressée, arriverait probablement. Marca passa toute la soirée à écrire, racontant son histoire et demandant, au nom de leur amitié, à aller rejoindre sa camarade ; là-bas, elle donnerait des leçons de français ou elle serait gouvernante, demoiselle de compagnie — n’importe quoi ! On ne lui demanderait pas son diplôme, comme en France : elle se disait qu’en Amérique, parlant l’anglais avec une grande facilité, elle trouverait bien à gagner sa vie, et là elle sérait