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voyait bien qu’elle avait envie de pleurer. Il se retira sans rien dire ; le fait est qu’il avait bien grande envie de pleurer, lui aussi.

Marca resta longtemps accoudée à la fenêtre, cherchant en vain dans la nuit de malheur qui l’enveloppait, quelque point lumineux, quelque lueur d’espérance.

Elle n’en trouvait pas. Qu’allait-elle faire ? Elle ne demandait pas mieux que de travailler, de gagner son pain ; mais comment ? S’il est difficile à une femme préparée à la lutte, recommandée, appuyée par des amitiés, de se tirer d’affaire quand il s’agit sérieusement de gagner sa vie, que peut faire une jeune fille habituée au luxe, ne connaissant rien de la vie, seule, sans nom, sans recommandation aucune ?

Marca tournait et retournait dans sa tête ce problème, et ne pouvait le résoudre : À Pierre, elle avait bien dit : « Je trouverai du travail… » car elle ne voulait plus rien accepter de lui : — elle ne le pouvait pas. Elle devinait qu’il avait vidé sa mince bourse d’ouvrier, et qu’il était lui-même gêné.

Elle en était là de ses réflexions quand elle se rejeta vivement en arrière. Pendant tout ce temps, elle avait suivi, sans en avoir bien conscience, le remue-ménage de la cour.

La journée avait été bruyante ; des tapissiers, des commis de magasins, des déménageurs, avaient pris