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freusement vide ; elle avait peur d’être seule, là où la raort avait fait son œuvre. Elle avait beau se raisonner : épuisée de fatigue et d’émotion, elle ne pouvait pourtant pas dormir ; elle faillit plusieurs fois crier, appeler, au risque de faire un scandale dans cette maison correcte, tristement vertueuse.

Aussi, quand Pierre frappa le matin à sa porte, elle se précipita au devant de lui.

— Je ne puis pas rester ici… il faut que je parte, mon bon Pierre, il faut que je parte !

Il chercha à la calmer :

— Voyons, mademoiselle Marca, voyons ! soyez raisonnable ! Non, bien certainement, vous ne resterez pas ici. D’abord, que pourriez-vous faire d’un grand appartement comme celui-ci ?

Alors il lui expliqua que tout était déjà arrangé avec la concierge ; il y avait quelqu’un qui désirait prendre l’appartement, et qui achèterait les meubles dont la jeune fille n’avait pas besoin. Marca pourrait occuper à l’étage supérieur une chambrette qui venait d’être mise à neuf.

— Que vous êtes bon, Pierre ! dit-elle ; vous vous occupez de moi comme si j’étais votre sœur. Et en vérité, nous sommes bien un peu frère et sœur, puisque madame Langlois nous servait de maman à tous deux.

Et, avec un gentil sourire, elle se tourna vers lui :

— Je vous aime bien, mon frère Pierre…