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La pauvre femme était encore très malade ; le médecin semblait fort inquiet.

Marca ne sentit pas la fatigue de ses veilles. C’était une lutte avec la mort, et toute lutte excite l’énergie ; de plus, elle n’était pas seule ; Pierre lui consacrait tout le temps que lui laissait libre son travail de l’imprimerie. La malade suivait des yeux la jeune fille dans tous ses mouvements ; elle songeait avec angoisse à ce que cette enfant deviendrait, seule au monde. Pierre comprenait ses regards pleins de terreur et lui disait : « Je serai là, je veillerai. » Mais cela ne la rassurait pas ; elle savait que Pierre aimait Marca et que celle-ci ne se doutait même pas de cet amour ; elle savait bien que jamais Marca n’épouserait Pierre.

La mort la prit subitement, sans nouvelles souffrances, au milieu de son sommeil.

Pierre et Marca raccompagnèrent seuls au cimetière, sous une triste pluie d’hiver. Marca fut toute surprise de trouver la tombe très convenable. Pendant qu’ils étaient encore auprès de la fosse, un . marbrier vint prendre les dernières instructions pour la pierre et la croix. Elle interrogea du regard le jeune homme.

— J’ai fait pour elle ce que j’aurais fait pour ma mère. Il n’ajouta pas que toutes ses économies y passaient.

Le soir, le petit appartement parut à Marca af-