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maître de la maison, depuis son entrée en fonctions.

— Comment ! on vous a fait venir pour rien ?

— Il n’y a que demi-mal, fit Marca, cherchant à sourire.

Il faisait un temps atroce ; elle grelottait, car on n’avait pas fait de feu dans la salle d’étude. Le comte la fit entrer, bon gré mal gré, au salon pour se réchauffer un peu avant de repartir.

— Elle n’a pas de cœur, grommelait-il, en avançant un fauteuil et activant le feu. — Ça l’amuse de vous faire trotter par la pluie ; elle vous en veut toujours. Ah ! si je pouvais faire quelque chose pour vous… mais je ne puis pas !

Et, comme Marca ne disait rien, il s’arrêta aussi, la regardant à travers son monocle. La jeune fille laissait errer ses yeux sur tout le luxe de ce grand salon, qui pourtant était un salon banal à côté des merveilleux appartements où naguère elle s’était sentie chez elle. Les grands chagrins n’empêchent pas toujours de ressentir les petits ; et Marca, qui aimait tant les jolies choses, souffrait de la laideur mesquine de sa pauvreté de maintenant.

— Il y a eu un grand changement de décor dans votre vie, dit le comte qui devinait à peu près ce qui se passait dans cette jeune tête. Tout cela est très cruel…

— Ce n’est pas très gai, Monsieur le comte…