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— Ah ! Quel bonheur ! je pourrai donc gagner de l’argent.

— Écoute. Tu sais que je n’ai guère de relations ici à Paris, et pour cause. Mais une de mes anciennes élèves, une étrangère beaucoup plus âgée que toi, a épousé un riche Français ; elle m’aimait bien, et ne m’a pas encore oubliée. C’est à elle que je me suis adressée pour qu’elle te procure quelques petites leçons — telles qu’une jeune fille peut en donner, même avant d’avoir obtenu son diplôme. Elle a bon cœur, et voici ce qu’elle a trouvé : il s’agirait de donner deux heures tous les matins à des petites filles pour leur faire apprendre les leçons de leur cours. Ce sont les enfants d’une certaine comtesse de Vignon.

— Ah ! jamais, jamais ! Non, voyez-vous, maman, je ne pourrais pas… je ne pourrais pas.

Mais après quelques heures de réflexion, après avoir causé longuement avec madame Langlois, après s’être persuadée qu’une pareille chance ne se représenterait pas de si tôt, et que l’argent du trimestre n’irait pas jusqu’à la fin du mois, Marca, après avoir poussé un grand sanglot, se décida. Cette fois tout était bien fini : elle accepterait l’argent de madame de Vignon, elle se mettrait une fois pour toutes, dans la position humble qui devait être celle de sa vie entière. Il lui sembla qu’elle perdait soudainement sa jeunesse ; elle se voyait dans l’a-