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valait mieux ; que peu à peu elle finirait peut-être par oublier, et qu’il ne fallait rien faire pour retarder cette guérison du pauvre petit cœur malade. En attendant, c’était bien dur.

Cependant la plus sévère économie ne pouvait faire vivre deux personnes avec ce qui à peine suffisait à une seule. Marca avait à apprendre beaucoup de choses ; savoir être pauvre est toute une science ; ce n’était pourtant pas la bonne volonté qui lui manquait. Elle avait insisté pour qu’on renvoyât la femme de ménage ; elle était jeune et forte, en se levant de bonne heure, elle suffirait bien à toute la besogne ; leur cuisine était si peu de chose ! Tout le monde sait cuire des œufs ou une côtelette ; elle allait bravement, un petit panier au bras, faire les provisions. Elle augmentait, sans s’en douter, la dépense par cet excès de zèle ; son inexpérience absolue faisait qu’elle achetait à tort et à travers.

Un matin, en rentrant, elle trouva madame Langlois, lisant une lettre ; sur la table se trouvait le livre des dépenses, et un petit tas d’argent.

— Viens ici, mon enfant, et causons. Je viens de faire un calcul méticuleux, et le résultat n’est pas gai. Je me suis douté, depuis quelque temps déjà, que nous dépassions nos ressources. Aussi me suis-je occupée à te trouver un peu de besogne.