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Toute la matinée se passa en combinaisons, en délibérations. Le petit salon, grâce à un canapé-lit, qu’il faudrait acheter en sacrifiant quelques meubles, deviendrait la chambre de Marca, tout en gardant son aspect ordinaire. Il y avait d’autres achats dont on ne pouvait se dispenser. Marca avait jeté aux pieds de sa marraine tous ses petits bijoux de jeune fille ; elle n’avait donc rien à vendre ; elle ne possédait que les vêtements qu’elle portait au moment de sa fuite.

Pierre, sur le coup de midi, entra. Il avait les yeux cernés, il était gauche et timide ; il craignait d’être indiscret en se présentant comme d’habitude. Mais on lui sourit et il rayonna. Ce fut lui qui se chargea de l’achat du canapé-lit, de la vente des meubles sacrifiés. De son côté, Marca alla au plus proche magasin acheter un peu de linge et de quoi se faire une modeste robe noire, sa toilette en soie et laine étant jugée beaucoup trop élégante pour tous les jours.

Les grandes catastrophes ont toujours leur petit côté, et il est bon qu’il en soit ainsi : l’âme, distraite par des exigences tracassières, évite ainsi de se concentrer dans un grand désespoir.