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était pauvre maintenant ; mais bien des filles pauvres gagnent leur vie ; elle ferait de même. Elle serait très heureuse le jour où elle apporterait à sa nouvelle maman le fruit de son travail ! Et, au beau milieu de ses fières résolutions, ses yeux se remplissaient de larmes ; vite, elle se détournait pour n’en rien laisser voir. Certes la première chose à faire, c’était de passer ses examens, d’obtenir son diplôme. Elle se mettrait à étudier le jour même, tout de suite ! Elle apprendrait bien plus vite qu’à la pension.

Alors, jetant un regard autour d’elle, voyant les signes apparents de cette pauvreté décente, les tiroirs du secrétaire à moitié vides, les meubles qui suffisaient à peine à une personne, elle éprouva une anxiété poignante. Des mois s’écouleraient avant qu’elle put être en état de passer ces terribles examens, et, en attendant, il faudrait bien chercher à gagner quelques sous… Mais comment ?

Et toutes deux regardaient les mains inutiles de cette « enfant du ruisseau », élevée en princesse, et toutes deux se disaient tout bas que les habitudes de luxe se prennent bien facilement et ne se perdent, au contraire, qu’après beaucoup d’efforts pénibles.

Alors madame Langlois, qui connaissait à fond cette petite fille, qui voyait au tremblement de ses lèvres, qu’à tout ce beau courage se mêlait une