Page:Mairet - Marca.djvu/236

Cette page n’a pas encore été corrigée

ruisseau… elle aurait dû m’y laisser jadis, c’aurait été moins cruel.

Pierre était resté, n’osant rien dire, mais voulant savoir, lui aussi.

Il dit à Marca d’une voix émue :

— Et votre fiancé ? qu’a-t-il dit ? qu’a-t-il fait ?

— Maxime n’a rien voulu croire des infamies qu’on disait sur mon compte… Il s’est écrié : « Vous me l’avez donnée comme femme, je la garde comme telle… » Je l’aimerai toujours pour ces paroles.

— Alors, mon enfant, dit madame Langlois, il te retrouvera et t’épousera.

— Non, non, cela aussi, c’est bien fini. Comment voulez-vous qu’il m’épouse ? Je devais être riche… très, très riche, et maintenant… je n’ai rien, je ne suis rien. Je lui apporterais en dot… voyez… — et elle montra avec un sourire navré son mince bracelet — cela ; ma mère me l’a laissé, c’est tout ce qu’elle avait, ma pauvre petite maman ! Vous comprenez que ce n’est pas assez. Maxime a besoin de beaucoup d’argent ; il me l’a avoué lui-même…

Et elle laissa retomber sa tête sur l’épaule de sa vieille amie.

Pierre allait parler ; mais madame Langlois lui fit un signe qu’il comprit : il sortit, cherchant à ne pas faire de bruit.

— Tu es fatiguée, mon enfant ! — Madame Lan-