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— Est ce que je te l’ai même demandé ? Est-ce que je ne suis pas sûre de ma petite Marca ?

— Vous êtes bonne. Mais laissez-moi vous tout raconter, car il faut que vous m’aidiez à comprendre. Je devais épouser Maxime ; c’était enfin arrangé. Son père et lui venaient faire la demande, quand — comment cela s’est-il passé ?… je ne me le rappelle plus bien ! — Elle avait arrangé tout, tout combiné avec grand soin ; de sa cachette elle avait entendu M. Nariskine, le grand peintre, me dire qu’il m’aimait et qu’il voulait m’épouser, que Maxime n’était pas digne de moi. Tout cela me semble un peu vague, comme si c’était une histoire que j’aurais lue quelque part. — J’ai répondu que j’aimais Maxime, et il est parti…, il était si triste, si pâle que j’en ai pleuré. Ma marraine aimait le peintre ; il paraît même qu’ils s’étaient beaucoup aimés tous deux, pendant des années ; seulement son amour, à lui, s’était changé en haine… Elle a entendu tout ce qu’il disait, sur son compte. Ah ! elle a bien dû souffrir aussi ! Quand elle a bondi sur moi, je croyais qu’elle allait me tuer… elle avait des regards de folle. — Alors elle m’a jetée dehors, elle m’a chassée… elle m’a dit des paroles que je ne comprenais même pas, pour m’humilier devant Maxime ; elle m’a reproché ma naissance. Ma mère était une petite ouvrière abandonnée… Elle m’a appelée enfant du