Véra avait rejeté Marca avec une telle violence que la pauvre enfant était presque tombée aux pieds de Maxime.
Elle se redressa d’un bond :
— Madame, s’écria-t-elle, vous savez bien qu’il n’en est rien ! C’est une infâme calomnie… Personne ne le croira !
— Je ne le crois pas, moi !
Maxime avait dit cela fièrement. Marca eut un cri de joie, et s’élança dans les bras ouverts de son fiancé.
— Et quand cela serait faux, je le dirai, moi ! cria Véra, et tout le monde me croira.
La Cosaque poussée à bout reparaissait tout entière ; elle continua :
— À toute jeune fille qui va se marier, il faut une victime, sinon sa vanité en souffre ; il faut avoir la gloire de dire non à quelqu’un avant de dire oui à son mari. Et savez-vous qui elle a choisi pour ce rôle ? Le seul homme que j’aie jamais aimé, mon amant, Ivan Nariskine ! J’avais recueilli cette misérable, j’en avais fait ma fille, et c’est elle qui me prend mon amour… pour se distraire ! Et elle est si sotte, si basse de nature, qu’elle n’a même pas su comprendre l’honneur que voulait lui faire ce grand artiste. Elle lui préférait… qui ? un Maxime de Schneefeld… Oh ! ce n’est pas le moment des ménagements : quand une femme est