Page:Mairet - Marca.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

allait mourir. Les mains de Véra lui serraient les poignets avec une telle force, que la douleur arracha un cri à la jeune fille.

— Que je te regarde bien, que je voie une fois pour toutes ce qui a pu le séduire ! Vraiment, il a bon goût !… te préférer à Véra de Schneefeld… Mais parle donc, fille du ruisseau, que j’entende ta voix… cette voix qu’il aime…

Marca ne put articuler une parole.

— Tu m’as dit hier, je crois, que personne ne te faisait la cour. Tu es menteuse comme tu es ingrate.

— Vous avez pu entendre vous-même… Non, je n’ai pas menti… Je ne savais pas…

— Les filles de ton espèce ont le secret de toutes les infamies.

Elle ne savait ce qu’elle disait, mais elle tenait sa victime, et lui broyait les poignets.

À ce moment on entendit un bruit de pas. Le baron Jean et son fils s’arrêtèrent étonnés au seuil de la porte. Véra partit d’un éclat de rire, un rire de folle, aigu et terrible.

— Ah ! c’est vrai, j’avais oublié… vous venez bien à propos. Votre demande est agréée, messieurs ; voici la jolie fiancée, prenez-la, mais prenez-la comme elle est, mendiante, sans famille, sans nom, avec la réputation tarée que je compte bien lui faire. Je l’ai surprise ici avec son amant…