Page:Mairet - Marca.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous pleurez, Marca ?

— Vous me faites peur !

— Vous ne voulez donc pas de moi ?

— Non, non. Oh ! partez, je vous en supplie !

— C’est bien. Je m’en vais.

Il attendait pourtant encore, très humble ; tout son emportement avait disparu ; il semblait vieux et cassé.

— Adieu, Marca… adieu mon rêve… adieu tout mon bonheur !

Sa voix tremblait. Marca leva vers lui sa figure d’enfant, toute couverte de larmes.

— Ah ! dit-elle, je vous fais bien de la peine.

Ivan s’approcha d’elle et l’embrassa sur le front.

— Ce n’est pas votre faute. Adieu, Marca…

— Adieu…

Très lentement il s’éloigna.

Véra le vit partir ; elle voulut crier, elle ne le put. Sa voix s’arrêtait dans son gosier. Il s’en allait, il disparaissait de sa vie, et elle n’avait même pas eu l’amère joie de lui crier qu’elle savait son infamie, qu’elle avait entendu ses paroles cruelles, qu’elle avait savouré jusqu’à la lie l’amertume de ses mépris — et qu’elle saurait se venger. Elle demeurait là, froide, immobile. Était-ce la mort qui la prenait ainsi ? Ah ! elle ne se débattrait pas. Ce devait être bon de ne plus vivre, de ne plus rien sentir, de ne jamais plus entendre de ces paroles