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répondez pas tout de suite. Vous détournez la tête ! Je vous en supplie, Marca, tâchez de comprendre, tâchez de vous bien rendre compte que ce n’est pas seulement de mon bonheur qu’il s’agit, mais du vôtre… Ah ! je saurai bien me faire aimer de vous, si vous m’en donnez le temps ; j’ai la tendresse de toute une vie à mettre à vos pieds ; j’ai été fou, idolâtre ; mais je n’ai jamais aimé comme je vous aime, avec ce respect et cette tendresse infinie…

— Il est trop tard !… s’écria Marca. Ah ! je vous en prie, ne me faites pas souffrir ainsi ! il est trop tard… je vous jure qu’il est trop tard.

— Non, Marca. J’ai tout arrangé, tout combiné ; vous n’aurez rien à craindre de la colère de Véra ; je vous ai ménagé une retraite sûre jusqu’au jour où la loi me permettra de vous donner mon nom. Alors je me chargerai bien de vous défendre. Tout est arrangé aussi pour le cas contraire… Je ne veux pas faire de mal à celle que j’aime. Si je ne parviens pas à vous persuader, eh bien ! personne ne saura rien de mon désespoir. Si vous me dites non, un non irrévocable, dans une heure je serais loin déjà ; la lettre annonçant mon départ à votre marraine sous un prétexte quelconque est écrite ; je la mettrai à la poste avant de partir. J’irai je ne sais où, car alors je deviendrais fou en restant ici. Il me faudrait mettre des lieues, des pays, des mers, entre nous… ne plus entendre parler de vous pour