Page:Mairet - Marca.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

m’était apparue dans mon triste atelier, à qui j’avais voué un culte, n’était pas la femme que je voyais alors dans son hôtel de Paris, entourée de courtisans dont elle se jouait froidement, faisant le bien comme elle ferait le mal — par caprice. Quand on tombe de haut, on en meurt ; mon amour pour cette femme est mort effectivement. Je ne pouvais la voir qu’en tremblant d’adoration, qu’en voulant me jeter à ses pieds pour l’implorer comme on implorerait une déesse. Je ne puis la voir maintenant sans un frisson de répulsion. Ce dernier sentiment est aussi excessif que l’était le premier ; je n’étais pas maître de l’un, je ne le suis pas de l’autre. C’est justement parce que je vous voyais auprès d’elle, je crois, que je vous ai aimée ; vous étiez le contraste absolu : elle joue toujours un rôle, vous êtes simplement — vous ; elle est la personnification des passions orageuses, sans frein, sans but, qui enivrent et qui détruisent. En vous regardant, je songeais avec attendrissement au doux bonheur du foyer ; je vous voyais gaie, heureuse, donnant le bonheur, parce que le bonheur est en vous ; chaste et aimante ; vous êtes la pureté ; et, voyez-vous, Marca, ce qui nous attire, nous autres hommes, ce pour quoi nous donnerions tout le reste — c’est cette pureté. Voilà pourquoi je vous aime : voilà pourquoi je vous dis : « Réfléchissez encore, voyez l’amour que vous offre Maxime ; voyez l’amour que je vous offre, moi. « Ne