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à arrêter ce torrent de paroles, sans y réussir ; Ivan était emporté par la passion qui était en lui.

— Vous n’avez pas le droit…

— Si, j’ai ce droit.

Il lui avait pris les mains et la forçait à le regarder.

— J’ai le droit que me donne mon amour, — car je vous aime, entendez-le bien, je vous aime ! C’est pourquoi j’ai suivi votre Maxime, c’est pourquoi j’ai observé toutes ses extravagances, toutes ses sottises basses et honteuses. Je voulais savoir. Si, par hasard, j’avais vu en lui quelque lueur de générosité vraie ; si, dans mon âme et conscience, je m’étais dit : « Il pourra un jour devenir digne de cette enfant si naïve et si bonne », je vous jure que je n’aurais jamais parlé. J’avais caressé un rêve ; j’avais vu auprès de moi une jeune femme douce et gracieuse, à qui j’aurais voué ma vie tout entière, mettant mon cœur sous ses pieds adorés, et qui, un jour, après peut-être beaucoup d’années d’épreuves, aurait fini par dire, me voyant si patient : « Je t’aime bien, mon pauvre Ivan… » Je n’en demandais pas plus. Eh bien ! cette espérance, je l’aurais cachée soigneusement ; je n’en aurais rien dit. — Mais il n’en est pas ainsi. Maxime est indigne de vous, je le sais, je pourrais le prouver, et vous ne serez pas sa femme, — je ne le veux pas !…