— Savez-vous, monsieur le peintre, qu’il est bien difficile de vous plaire !
Elle cherchait à badiner ; mais ses lèvres tremblaient un peu.
— C’est pour demander votre main que le baron de Schneefeld doit venir tout à l’heure. Ne vous offensez pas de ma brusquerie, Marca, je vous en supplie ; ce n’est un mystère pour personne, n’est-ce pas ? Pour moi, encore moins que pour les autres ; je suis presque de la famille. On vous laisse poser comme cela, sans chaperon, non pas seulement parce que les façons de cette maison ne sont pas tout à fait les façons des maisons françaises, mais aussi parce qu’Ivan Nariskine n’est pas dangereux ; il est laid, il semble plus âgé qu’il n’est… enfin, il ne tire pas à conséquence…
— Dites plutôt qu’on le sait un ami dévoué, bon, et qui ne peut vouloir que le bonheur de ceux qu’il aime. C’est ainsi que je comprends la chose.
— Alors vous m’écouterez ; vous ne m’en voudrez pas, si je vous dis des choses qui peut-être vous attristeront.
— Je ne vous en voudrais pas ; mais à quoi bon les dire ? Croyez-vous que je ne me les suis pas dites… bien des fois déjà ?
Elle s’était assise ; ses mains, croisées, tombaient avec un découragement résigné sur ses genoux ; elle détournait la tête.