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glissa jusqu’à sa chambre, ôta vite sa robe de soie, au bruissement traître, passa une toilette sombre, en laine souple, et chaussa des petits souliers très minces.

Tout avait été préparé d’avance dans la serre ; de grandes plantes touffues et hautes formaient une barrière presque impénétrable ; pour arriver à deux pas du peintre et de son modèle, Véra avait pratiqué elle-même une espèce d’allée masquée, en déplaçant des plantes.

Elle se glissa avec infiniment de précautions jusqu’à sa cachette ; elle retenait sa respiration ; elle pâlissait quand, par hasard, une feuille la heurtait au passage. C’est que tout avait été combiné par elle-pour ce moment suprême ; les quelques mots jetés en partant avaient été étudiés d’avance ; elle savait bien qu’ils seraient compris. Si vraiment Nariskine aimait Marca, il prendrait cette occasion — la dernière, pour le lui dire ; une fois Maxime accepté ouvertement comme fiancé, il n’aurait qu’à s’effacer. Elle méprisait les insinuations de son beau-frère ; mais elle voulait savoir, une fois pour toutes, à quoi s’en tenir au juste ; et, malgré son superbe dédain, le cœur lui battait si fort, qu’elle ne voyait plus, n’entendait plus ; un nuage de sang lui passait devant les yeux, et le joli son de la petite fontaine bourdonnait à ses oreilles comme le grondement plein de menaces d’un torrent