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était franchement indiquée sur la grande toile.

Il avait fait, d’après Marca, une demi- douzaine de croquis, d’études, de portraits presque terminés, et il n’arrivait pas à se satisfaire. La jeune fille posait souvent et, il faut l’avouer aussi, assez mal ; ce qui ne facilitait pas le travail.

Véra, en toilette de ville, mettait ses gants, tout en faisant quelques remarques sur le tableau ; elle était admirablement belle ce jour-là ; une légère rougeur aux joues lui rendait un air de jeunesse.

— Je vous laisse, dit-elle d’un ton dégagé. J’ai une visite urgente à faire ; mais je serai de retour dans une heure au plus tard, car j’attends mon beau-frère ; il m’a annoncé une démarche officielle…

Marca se sentit rougir et pâlir : le moment était donc venu ! C’était cruel de la faire poser un jour pareil. Mais Véra ne fit aucune attention à ses regards suppliants ; toujours souriante, elle les quitta, en disant :

— Travaillez bien tous les deux ; vous ne serez pas dérangés ; j’ai donné des ordres pour cela.

Elle ne semblait pas pressée ; en traversant le salon, elle s’arrêta à une jardinière pour cueillir une fleur, puis elle disparut.

À peine eut-elle fermé la porte derrière elle, que son allure changea ; son sourire avait disparu, un pli au front lui donnait un air dur et cruel. Elle se